Temps Noir n°11
La revue des littératures policières

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Mésaventures et décomposition
de la Compagnie de la Danse de Mort

scénario et dialogues de Jean-Patrick Manchette

Ce scénario inédit fut écrit en quatre jours au mois d’août 1968, dans la foulée d’un mois de mai prometteur.
Fin 1967, le peintre et cinéaste Robert Lapoujade lui avait demandé un sujet de film sur la danse : «J’avais pris quelques notes très abstraites, raconte Manchette à ce sujet, proposant de raconter l’histoire de jeunes danseurs que la dureté du monde brise en trois morceaux : une fraction sombre dans la prolétarisation ; une autre connaît la réussite en ce qu’elle aboutit à l’argent et la gloire, mais pour cela il lui faut se prostituer, faire de l’“art moderne” creux, de la provocation de salon ; une troisième fraction refuse à la fois le travail et la récupération, et disparaît dans l’ombre des projets imprécis mais menaçants de révolution sociale. ( J’étais sous le coup de la découverte, que je venais de faire, des textes situationnistes).»
La «brève esquisse» n’ayant pas intéressé Lapoujade, Manchette en tire un scénario, Mésaventures et décomposition de la Compagnie de la Danse de Mort, dont les personnages ne sont plus des danseurs mais de jeunes comédiens : «La structure était identique, mais ce texte-ci était bien plus détaillé. Et entre-temps l’ébranlement révolutionnaire du printemps d’alors avait fourni, sur un tel sujet, quelques précisions.» C’est ce scénario que nous publions ici.
En août 1969, Manchette envoie le scénario au CNC dans l’espoir de décrocher l’avance sur recettes. Contre toute attente, il l’obtient en décembre. Au terme de huit mois passés à rechercher un producteur, Véra Belmont accepte de produire le film avec un budget réduit. Le tournage débute en mars 1971. Initialement, le film devait être co-réalisé par Manchette et Jean-Pierre Bastid (avec lequel Manchette écrira son premier roman publié à la «Série Noire»), mais c’est finalement Bastid seul qui effectue la mise en scène, tandis que Manchette s’éloigne du projet. Rebaptisé Les Petits-enfants d’Attila, le film s’éloigne considérablement du scénario initial. Manchette jugera le résultat consternant et sera irrité du gâchis de ce projet auquel il tenait beaucoup : «Un film fut tiré du scénario, dans des conditions si mauvaises que le mauvais résultat n’a jamais été distribué nulle part, et c’est tant mieux.» On ne sait s’il en existe encore une copie aujourd’hui.
Plus tard, le scénario revisité servira de base à l’unique pièce de théâtre de Manchette : Cache ta joie ! qui connaîtra un certain succès à l’occasion de la mise en scène dynamique qu’en fera Daniel Benoin à la Comédie de Saint-Étienne en novembre 1979, puis à Bordeaux, Caen, Lyon et Paris.

Doug Headline

 

 

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